Récemment, j’ai assisté à une conférence d’un grand architecte de renommée internationale (cf. Clément Blanchet) et j’étais très contente d’écouter ses propres mots:
«Le danger de demain, avec l’arrivée de l’IA, c’est la capacité à raisonner le temps : alors que l’IA nie toute complexité nécessaire au projet, l’architecte et l’urbaniste doivent pouvoir digérer les informations et les restituer dans une logique temporelle. Ce temps de la réflexion appartient à l’humain. Tandis que l’IA est un réceptacle d’informations et de connaissances que nous devons pouvoir traiter, mesurer et comparer. C’est ce qui permet de réintroduire du sens dans les projets.»
Je ne veux pas ici parler d’IA car, dans mes projets, elle n’y figure (encore) pas, mais bien de la dimension temporelle au sein de la réflexion architecturale.
Conduire un projet de rénovation qualitatif prend du temps. Aujourd’hui, on l’entend, il faut être performant partout, même dans notre propre sommeil (les montres connectées nous le disent), et donc une rénovation doit aussi pouvoir être performante (à la fin du processus, le projet reçoit une cote énergétique : A, B, C, etc.).
On sait d’ailleurs que les rénovations prennent du temps et on pense généralement qu’elles prennent du temps car il y a des retards dans les commandes, car l’entrepreneur n’est pas bien organisé ou car le Maître d’Ouvrage change d’avis. Oui, il y a un peu de tout cela, mais il y a aussi le temps de réflexion qui est propre à l’architecte.
Ce temps est un temps qui n’est pas quantifiable et personnellement, je réfléchis beaucoup quand je nage ou quand je cours avec la musique (ce sont de vrais moments où je peux faire le « silence » autour de moi). Mais c’est un temps qui est nécessaire à un bon processus de rénovation.
Le temps de réflexion est un temps qu’on ne peut pas ignorer au détriment de la performance à tout prix. On risque de perdre le sens de l’acte architectural même.
D’ailleurs, chaque temps est géré par un rythme. En architecture, il ne s’agit pas de trouver la perfection mais de ressentir des émotions. De trouver son propre rythme, sa cadence, son cœur. Dans mes projets, il y a beaucoup de temps de réflexion et d’échange. Pour ne jamais perdre de vue le sens et son âme.
Cette photo indique un moment de réflexion: quid après?
C’est ici que je clôture mon année professionnelle avec un moment de suspension.
Bon temps de réflexion à tous, pendant et après les fêtes.